Sirène, un mot kaléidoscope chargé d’images, de musiques, de souvenirs…
La sirène, son strident, coupant, tendu vers l’aigu qui convoque une ville entière à se souvenir de la menace, de la guerre, des bombes, … Son appel entraînait les foules aux abris et dans les entrailles de la ville.
Le muezzin, mélopée enivrante qui rythme les jours et les nuits de la ville, immobilise le temps et le rêve, convoque ses habitants à l’écoute intérieure, au recueillement et à la prière.
Les sirènes, au sublime chant de mort dont la beauté, entre Charybde et Scylla, précipitaient les marins dans la mer.
Traverser par touches, comme dans un rêve, ces 3 évocations : du bruit à la mélodie, des sons saturés de la guitare à la fragilité d’une voix qui s’élève, retrouver l’émotion portée par les voix qui chantent ensembles, tuiler les nappes envoûtantes d’un chœur orthodoxe avec les scansions lancinantes des cors accompagnant la prière aux morts de Ravel, entrelacer la beauté de la prière chantée vers l’infini, le son porté et caressé par le souffle, avec la pulsion de l’inarticulé, du borborygme, de l’humain en folie. Tenter une « vanité » qui joue entre la fascination de la mort, la tentation de la prière, et la vénération de l’amour, quand il ne reste que l’ivresse.